L’auto-compostage, éco-logique et sans effort

Le nettoyage  des plates-bandes au printemps, est-ce utile et nécessaire?

Une méthode « révolutionnaire » pour éliminer l’entretien au jardin! 


Désirez-vous un  beau jardin paysager à entretien minimal ? Qui ne nécessite pas de longs et fastidieux nettoyages automnaux ou printaniers. Où l’épandage annuels de compost, de fertilisants et de paillis est inutile. Où l’arrosage est éliminé et le désherbage réduit de façon significative. Alors l’auto-compostage, aussi appelé organicyclage, est pour vous. Bienvenue dans le monde de l’entretien minimal.

La méthode est d’une simplicité renversante. Laissez les matières organiques qui tombent au pied de vos végétaux aux pieds de ceux-ci, comme dans la nature. Pas de nettoyage de plates bandes ou de fermeture de jardin à l’automne, pas de nettoyage de plates-bandes ou d’ouverture de jardins au printemps. Le jardin est toujours « On » comme dans la nature où aucun lutin ne vient ramasser la matière organique au pied des végétaux. Au lieu de cela, vous les laissez se composter sur place comme la nature nous l’enseigne. L’autocompostage, c’est simple, facile et plaisant. Ça évite bien des efforts et des dépenses inutiles, ça favorise la santé des plantes et ça protège l’environnement.

Je possède un terrain de 20 000 pi2 (approx. 2 000 m2) dont environ le tiers est couvert de plantations, d’arbres, d’arbustes et de vivaces. Depuis qu’il est établi, je n’arrose plus jamais mes plantations, je ne les fertilise plus, je n’ajoute ni compost, ni paillis (sauf dans les sentiers) et je désherbe très rarement, car ce n’est pas nécessaire.

Chaque été, je pars un mois en vacances et personne ne vient entretenir mes plantations. En 2007, j’ai dû m’absenter trois mois, de la mi-juillet à la fin octobre. Durant cette période, personne n’est venu arroser, désherber, fertiliser ou faire quoi que ce soit, à part tondre la pelouse. Quel est mon secret ? Le plus important et le plus incontournable demeure, sans contredit, l’auto-compostage ou organicyclage.

Autocompostage complet ou partiel

L’auto-composage complet, comme nous l’enseigne la nature, c’est le farniente total. On peut aussi pratiquer l’auto-compostage partiel qui consiste à laisser sur place le maximum de résidus de jardin, mais d’enlever, de composter ou de mettre aux rebuts certaines tiges ou inflorescences mortes qu’on juge inesthétiques. On peut aussi les couper et les laisser sur place, ce qui est mieux que de les retirer, car chaque fois que l’on « exporte » des matières du jardin, il faut remettre de l’engrais et du compost pour compenser. La facilité de l’auto-compostage, c’est qu’étant donné que l’on n’exporte rien du jardin ornemental, on n’a rien à rapporter. Il s’enrichit chaque année parce qu’en plus de retourner dans le sol ce que les plantes y avaient tiré, l’auto-compostage ajoute le carbone qu’elles avaient puisé de l’atmosphère par la photosynthèse.

Plates-bandes saisonnières

Automne
À l’automne, l’auto-compostage consiste à laisser toutes les matières organiques produites par les plantes sur les plate-bandes, sans toucher à quoi que ce soit. Les brindilles, feuilles et fleurs fanées, etc. s’accumulent et forment un tapis végétal nourricier pour les plantes et pour leurs organismes associés. Les tiges, épis, grappes de fruits et inflorescences des végétaux sont également laissés sur place, notamment pour le plus grand bonheur des oiseaux. Les feuilles qui tombent s’entremêlent aux tiges de végétaux, ce qui permet à l’air, vital pour les organismes associés, de circuler. Si vous coupez les tiges de vos platebandes à l’automne, alors les feuilles risquent de constituer un tapis étanche qui empêchera l’air de circuler. En se dégradant, les feuilles redonneront au sol les mêmes éléments que les racines des arbres y avaient puisés.

Hiver
L’hiver venu, grâce à l’épais tapis végétal et aux tiges qui retiennent la neige sur les plate-bandes, les racines et les organismes bénéfiques sont bien protégés contre les intempéries et les redoux qui menacent leur survie. De plus, le jardin ornemental sera plus attrayant et plus vivant grâce aux tiges laissées en place. Les oiseaux y trouveront leur pitance, tandis que le vent et la neige qui dansent autour des épis créeront des formes artistiques.
Printemps
Au printemps, à la fonte des neiges, le jardin ressemble à la nature sauvage. Les matières organiques jonchent le sol. Les tiges et les inflorescences séchées sont toujours présentes, fières et repues après un hiver pendant lequel elles ont fait leur boulot. Sous le tapis végétal, le miracle de la vie s’anime et les vivaces s’apprêtent à percer. Cet écosystème fonctionnel à entretien minimal se transformera rapidement.
Pour éviter la spirale de l’entretien constant, imitez la nature, laissez au sol le tapis végétal et les tiges des végétaux. N’ajoutez pas de compost ni d’engrais à moins qu’une plante se retrouve dans un sol trop pauvre pour ses besoins. Ne bêchez pas, car si vous perturbez le tapis végétal, la terre se retrouvera à découvert et des graines de mauvaises herbes germeront, ce qui vous entraînera dans le cercle du désherbage. Résistez à la tentation de tout nettoyer et vous obtiendrez un beau jardin à entretien minimal.
Été
À l’été, le jardin « auto-composté » est étonnant. Les tiges et inflorescences laissées à l’automne se sont évanouies. Le tapis végétal a complètement disparu sous les végétaux. Il est le lieu d’une alchimie intense dont la résultante est un bel humus fertile. La vigueur des plantes et du jardin est exubérante. Lorsque les végétaux sont plantés dans l’environnement qui leur convient (sol, humidité, pH et ensoleillement), ils deviennent avec les années de plus en plus forts, sans fertilisation. Grâce au tapis végétal et à des plantations denses, on n’a presque plus besoin de désherber ou d’arroser. Tout ce qu’il nous reste à faire, c’est de profiter des beautés du jardin.

Sur la pelouse

Durant la belle saison, il est recommandé de laisser les rognures de gazon se décomposer sur la pelouse. Cette pratique, appelée herbicyclage, est encouragée par de nombreuses municipalités. À l’automne, il est aussi recommandé d’auto-composter les feuilles en les tondant finement, au fur et à mesure qu’elles tombent. On n’attend pas que les arbres se vident ni que les feuilles soient mouillées par la pluie. Normalement, pour un auto-compostage réussi, il faut tondre les feuilles trois ou quatre fois pendant la période de leur chute.


Les avantages

Avec l’auto-compostage, pas besoin de se creuser la tête pour connaître le type et les bonnes doses d’engrais ou d’amendements, ni d’utiliser du paillis. Les plantes produisent elles-mêmes ce dont elles ont besoin. Fini le bêchage, car les organismes du sol, vers de terre et compagnie, bien nourris et bien protégés, aèrent et structurent le sol mieux que n’importe quel jardinier. Finis les désherbages répétitifs, car le tapis végétal qui empêche les « mauvaises herbes de pousser ». Fini l’arrosage (si la plante est dans le type adéquat de sol), car le tapis végétal prévient l’évapo- ration et, en se décomposant, il forme un humus qui retient de 10 à 20 fois son poids en eau. Finies donc les interventions les plus fastidieuses au jardin.
  Et l’environnement en tire parti :

les coccinelles et autres insectes bénéfiques trouvent abri et nourriture dans le tapis végétal ;

la présence de mycorhizes, bactéries fixatrices d’azote, vers de terre et autres organismes utiles est aussi favorisée  par le tapis végétal ;

les oiseaux y puisent nourriture ainsi que matières premières pour construire leurs nids ;

le sol est protégé contre l’érosion et le lessivage, la qualité de l’eau est préservée par l’absence d’engrais ou de      pesticides ;

 le carbone de la matière organique est fixé au sol. La production de GES est éliminée,  ainsi que la pollution et la  demande énergétique reliées à la production et au transport des engrais, tourbe de sphaigne (mousse de tourbe),  compost, paillis. En absorbant plus de GES qu’il n’en génère, le jardin auto-composté devient  « puits de carbone » ;

le transport et le compostage des résidus de jardin dans de futurs et coûteux centres de compostage municipaux sont aussi éliminés ainsi que la pollution et les émissions de GES qui y sont reliées.

L’auto-compostage est aussi économique, car il n’exige aucun achat. Mais aussi parce qu’on épargne plus de 200 $ par tonne de résidus de jardin non acheminés au compostage industriel. Si tous les Québécois s’y mettaient, l’économie sur 10 ans pourrait atteindre trois milliards de dollars ! Bref, l’auto-compostage est une méthode simple, écologique, économique qui ne nécessite aucun effort, et grâce à laquelle la beauté et la vigueur du jardin s’amplifient d’année en année.
L’auto-compostage est aussi économique, car il n’exige aucun achat. Mais aussi parce qu’on épargne plus de 200 $ par tonne de résidus de jardin non acheminés au compostage industriel. Si tous les Québécois s’y mettaient, l’économie sur 10 ans pourrait atteindre trois milliards de dollars ! Bref, l’auto-compostage est une méthode simple, écologique, économique qui ne nécessite aucun effort, et grâce à laquelle la beauté et la vigueur du jardin s’amplifient d’année en année.
L’autocompostage au potager

Contrairement au jardin ornemental où rien n’est retiré, au potager, étant donné qu’on récolte des matières, il faut y ramener des engrais et du compost. En outre, de nombreux légumes, comme les tomates et les piments, ont un feuillage si léger qu’ils produisent un tapis végétal trop mince pour empêcher l’assèchement du sol et la croissance des mauvaises herbes. Il existe une méthode, celle du « jardin auto-fertile », qui est proche de l’auto-compostage. Elle consiste à remettre, chaque année, de 10 à 20 cm de paillis de paille, de foin, de bois raméal fragmenté (copeaux de bois) ou de toutes autres matières organiques bio- dégradables qui formeront un tapis végétal nourricier et protecteur et compensera les «exportations» de légumes. Détails: permacultureinternationale.com  

Les objections les plus courantes 

L’auto-compostage comporte tellement d’avantages qu’il y a lieu de se demander pourquoi tout le monde ne le pratique pas déjà. C’est qu’il y a des mythes qui circulent à son sujet… Des mythes qu’il est grand temps de réfuter.

Mythe no°1
Au printemps, les vivaces ne poussent pas à travers le tapis végétal.  Il suffit de marcher en forêt au printemps pour constater que les plantes percent l’épais tapis végétal.

Mythe no°2
La matière organique s’accumule au fil des ans et cause des problèmes.  En forêt ou dans une prairie sauvage, personne ne ramasse le tapis végétal. Pourtant, ce tapis naturel dépasse rarement 3 cm d’épaisseur, sauf dans les endroits mal drainés et acides. C’est que les organismes du sol se régalent des matières organiques et les décomposent à un rythme étonnant. Au jardin, c’est la même chose, conservez le tapis végétal et observez l’épaisseur du tapis végétal à l’été.

Mythe no°3
Les maladies et les ravageurs prolifèrent si on laisse le tapis végétal.  Dans les faits, c’est presque toujours le contraire (sauf exception pour les plantes dont le feuillage est malade), car de nombreux organismes bénéfiques protecteurs, comme la célèbre coccinelle, trouvent abri et nourriture dans le tapis végétal. La plupart du temps, les ravageurs qui se pointent sont immédiatement stoppés par la kyrielle d’organismes protecteurs qui se trouve dans le tapis végétal.

Les vivaces percent facilement le tapis végétal. 



Mythe no°4
Le sol va s’appauvrir si on ne le fertilise pas. En fait, le sol devient plus fertile d’année en année. La totalité des élé- ments que la plante a puisés dans le sol avec, en prime, ce qu’elle a tiré de l’atmosphère se retrouve dans ce tapis végétal. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer l’évolution d’une prairie sauvage dont les plantes sont de plus en plus grosses et vigoureuses avec les années… sans aucune fertilisation humaine.

Mythe no°5
Les chats et autres animaux y font leurs besoins. Les chats et les chiens préfèrent habituellement la terre des plates-bandes laissées à nu ou le paillis commercial. La texture piquante et peu invitante du tapis végétal les attire beaucoup moins.

Mythe no°6
Ce n’est pas beau. La perception de la beauté, c’est personnel et culturel. Si vous vous sentez plus à l’aise avec un jardin à la française où tout est nettoyé, je vous comprends et j’acquiesce avec empathie. Personnellement, je trouve qu’à l’automne, un jardin naturel, avec des graminées et des feuillages colorés où on a laissé les tiges et le tapis végétal, est plus beau et plus vivant qu’un jardin où tout a été nettoyé. Il est cependant recommandé d’inclure dans vos plates-bandes des plantes, graminées ou autres, qui sont magnifiques aux mois d’octobre, novembre et même décembre (comme les Miscanthus ‘Berlin’) pour profiter des beautés de votre jardin jusqu’aux premières neiges.

Les paillis commerciaux 

Les paillis commerciaux diffèrent du tapis végétal. Tout d’abord, acheter, transporter et épandre du paillis demande beaucoup plus d’effort et d’argent. Par ailleurs, les paillis commerciaux, comme les copeaux de cèdre ou de pruche, sont des matières organiques difficilement biodégradables. Le cèdre contient des terpènes, des antibactériens bien connus, et de la thuyone, aux propriétés neurotoxiques bien documentées. Les paillis de pruches et de pins produisent aussi des terpènes antibactériens. Des apports répétés de paillis de conifères sous des plantes autres que des conifères peut produire un effet dépressif sur la vie dans le sol et sur les plantes qui y poussent.  Pour les vivaces et les feuillus, ces paillis n’ont pas la capacité de stimuler les organismes bénéfiques et de favoriser la structuration et l’organisation d’un sol fertile.

Allez-y à votre rythme 

Vous êtes prêt à pratiquer la technique du non-faire de l’auto-compostage complet ? Parfait. Vous préférez retirer certaines tiges ou autres matières que vous trouvez inesthétiques ? Faites-le. Vous voulez d’abord expérimenter l’auto-compostage sur une petite parcelle de jardin moins visible ? C’est bien. Amorcez la transition à votre rythme. L’expérience vaut la peine d’être tentée. Mais je vous préviens: elle pourrait transformer radicalement votre façon de jardiner ! Bonne relaxation…

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